- vieillesse
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• v. 1400; veillece v. 1120; de vieil, vieux1 ♦ Dernière période de la vie normale qui succède à la maturité, caractérisée par un affaiblissement global des fonctions physiologiques et des facultés mentales et par des modifications atrophiques des tissus et des organes. ⇒ âge (troisième, quatrième âge), fam. vieillerie; géront(o)-. La vieillesse, soir de la vie (⇒ déclin) . Atteindre la vieillesse (⇒ longévité) . Avoir une vieillesse triste, heureuse. Un enfant « qui serait le soutien de notre vieillesse » (Lautréamont). Bâton de vieillesse. Allocations de vieillesse, allouées pendant la vieillesse. — Appos. Assurance vieillesse.♢ Par anal. Existence qui dure depuis longtemps. ⇒ ancienneté. « Cent ans, c'est [...] la vieillesse d'une maison » (Hugo).2 ♦ Fait d'être vieux (pour un être humain). ⇒ âge. « il portait sa verte vieillesse d'un air guilleret » (Balzac). Respecter la vieillesse de qqn (cf. Ses cheveux blancs). Mourir de vieillesse, par le seul effet du vieillissement de l'organisme. — Par ext. La vieillesse d'un chien, d'un arbre. Fig. « la vieillesse des monuments » (Hugo). ⇒ ancienneté.♢ Spécialt Altération, dégradation physique ou morale qui accompagne cette période de la vie. ⇒ caducité, décrépitude, sénescence, sénilité. Les rides, marques de vieillesse. « La vieillesse est le sentiment qu'il est trop tard » (Maurois).3 ♦ (Considérée comme une puissance active parfois personnifiée). « Ô vieillesse ennemie ! » (P. Corneille). La vieillesse arrive à grands pas. « La vieillesse est un tyran » (La Rochefoucauld). Le fardeau de la vieillesse.4 ♦ Collect. Les personnes âgées, les vieillards (cf. Troisième, quatrième âge). Aide à la vieillesse. PROV. Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait.⊗ CONTR. Enfance, jeunesse.vieillessen. f.d1./d Période ultime de la vie. Avoir une vieillesse heureuse.d2./d Fait d'être âgé; sénescence. Mourir de vieillesse.d3./d (Sing. collectif.) Les personnes âgées. Caisse de retraite pour la vieillesse.— (Prov.) Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait.⇒VIEILLESSE, subst. fém.I. — [Chez les êtres vivants]A. — 1. Période de la vie succédant à l'âge mûr que l'on situe actuellement chez l'homme à partir de l'âge de soixante-cinq, soixante-dix ans. Anton. jeunesse. J'atteins aujourd'hui l'âge de cinquante ans. J'entre dans la vieillesse, et je conserve encore beaucoup de goûts et de dispositions du jeune âge (MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p. 242). Que l'enfant devienne adolescent, puis homme mûr, enfin vieillard, cela se comprend quand on considère que l'évolution vitale est ici la réalité même. Enfance, adolescence, maturité, vieillesse sont de simples vues de l'esprit, des arrêts possibles imaginés pour nous, du dehors, le long de la continuité d'un progrès (BERGSON, Évol. créatr., 1907, p. 311).SYNT. Avoir une longue vieillesse; années de vieillesse; aux approches de la vieillesse; portes, seuil, venue de la vieillesse; vieillesse prochaine; dans ma (ta, sa, leur) vieillesse; pendant la vieillesse; la vieillesse arrive, commence; arriver, aspirer, parvenir, se préparer, penser, songer à la/sa vieillesse; atteindre, attendre, commencer la/sa vieillesse.♦ Première, dernière vieillesse. Chacune des étapes du vieillissement. Les hommes ne changent point (...), depuis leurs vingt ans jusqu'à la dernière vieillesse, ils pensent toujours la même chose, s'ils pensent (ALAIN, Propos, 1911, p. 104). Son goût unit à la fadeur de l'enfance la sentimentalité de la première vieillesse (DU BOS, Journal, 1921, p. 19).— La vieillesse de + nom propre. Dernière étape de la vie d'une personne. Du principe de l'art et de sa destination sociale... œuvre de l'extrême vieillesse de Proudhon, interrompue par la mort (BARRÈS, Cahiers, t. 9, 1911, p. 191).2. Période ultime de la vie plus ou moins bien vécue par une personne en fonction de son état physique ou mental.a) [Aspects positifs] (Avoir) une aimable, heureuse, paisible, sage vieillesse; (avoir) une vieillesse épanouie; bonheur, plaisirs de la vieillesse. Une belle vieillesse est, pour tous les hommes qui la voient, une belle promesse, car chacun peut en concevoir l'espérance pour soi ou pour les siens (JOUBERT, Pensées, t. 1, 1824, p. 221). Leurs visages, leurs yeux calmes marquaient le repos d'une vieillesse confortable après les luttes de la vie (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 167).♦ Bâton de vieillesse.b) [Aspects négatifs] (Avoir) une vieillesse amère, douloureuse, lugubre, malheureuse, misérable, solitaire, triste; aridité, appréhension, chagrins, fardeau, hantise, horreur, peur, poids de la vieillesse. Éprouvant déjà les premières atteintes de l'âge, je voyais arriver avec épouvante la vieillesse, la solitaire vieillesse, avec son cortège de tristesses, de dégoûts et de regrets (COPPÉE, Bonne souffr., 1898, p. 15).♦ Vieillesse précoce, prématurée, anticipée. Ensemble des signes cliniques du vieillissement apparaissant avant l'âge habituellement admis. L'abus des narcotiques (...) contribue beaucoup à hâter cette vieillesse précoce, si commune dans les pays chauds (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 70).3. INSTIT. SOC.a) Assurance (pour la) vieillesse. Assurance contractée par un salarié lui permettant de percevoir des indemnités après toute cessation d'activité. La Caisse nationale d'assurance vieillesse est chargée de la gestion de l'assurance vieillesse des travailleurs salariés et de l'action sanitaire et sociale en leur faveur (Réforme Sécur. Soc., 1968, p. 24).b) Allocation, pension, retraite de (pour la) vieillesse. Somme perçue par les personnes âgées répondant aux critères définis par les lois sociales en vigueur. On comprend très bien que les corporations les mieux organisées, les plus conscientes, sous l'action d'une propagande étendue et précise, arrivent à se passionner pour la journée de huit heures, pour les retraites de vieillesse (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p. 100). La retraite de vieillesse est constituée par des versements obligatoires et facultatifs des assurés, par des contributions des employeurs et par des allocations viagères de l'État (Loi sur retraites ouvr. et pays., 1910, p. 29-98).c) Minimum(-)vieillesse. Somme minimale versée à toute personne âgée dépourvue de ressources. Deux millions de personnes vivent encore avec le minimum-vieillesse, soit 9 000 f par an (Le Point, 13 juin 1977, p. 111, col. 2).B. — Fait d'être âgé, d'avoir atteint un âge avancé.1. [Chez l'Homme]a) État où se trouve une personne âgée, se traduisant généralement par un affaiblissement de l'organisme, une diminution des forces physiques et des capacités mentales. Synon. décrépitude, sénescence, sénilité. Les cheveux qui blanchissent, les mouvements qui se ralentissent, les rides même ne sont que des signes fort incertains de la vieillesse (DELÉCLUZE, Journal, 1825, p. 280). Non, décidément, je ne m'habitue pas à la vieillesse, pas plus à la mienne qu'à celle des autres (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 203).SYNT. Vieillesse de l'homme, de la femme, de l'individu; atteintes, effets, ennuis, faiblesse, inconvénients, infirmités, infortunes, lassitudes, maladies, marques, mécanismes, misères, phénomène, psychologie, rides, signes de la vieillesse; être accablé, affaibli, atteint, cassé, creusé, défiguré, déformé, ravagé, vaincu par la vieillesse; s'habituer, se résigner à la vieillesse; redouter, sentir la vieillesse.♦ Mourir de vieillesse. Synon. mourir de sa belle mort (v. mort1). La digne sœur et lui se chérissaient, et pour Se réunir encor dans la main où l'on tremble Et ne pas se quitter, ils moururent ensemble De vieillesse (BANVILLE, Cariat., 1842, p. 54).♦ P. exagér., fam. Séjourner longtemps quelque part. Loiseau éclata: « Nous n'allons pourtant pas mourir de vieillesse ici (...) » (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Boule de Suif, 1880, p. 142).♦ Verte vieillesse. État d'un homme qui a conservé, malgré son âge, la vigueur et la virilité de ses jeunes années. Je ne me souviens pas d'avoir observé une vieillesse plus verte et plus robuste que celle d'Hadgi-Stavros (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 82).♦ Proverbe. Il faut que jeunesse se passe et que vieillesse se casse. Il faut que jeunesse se passe et que vieillesse se casse. J'ai été jeune, tu seras vieux (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 254).— En partic. Ensemble des traits physiques et moraux qui caractérisent les personnes âgées. Elle leva sa triste face, ravagée de larmes. Un grand calme s'y était fait pourtant, et l'on n'y voyait plus que la morne vieillesse, dans sa résignation (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 174).b) Subst. + de vieillesse. [En parlant d'un signe particulier dû au grand âge, au vieillissement de l'organisme] Chevrotement, ride de vieillesse. De chaque côté de la bouche, un sillon creux (...), qui se rejoint sous le menton, qu'il coupe d'un grand pli de vieillesse (GONCOURT, Journal, 1867, p. 348). Regardez: sur le dos des mains. Oh! ce n'est pas une maladie. Ce sont des taches... comment dire? des taches de vieillesse (DUHAMEL, Nuit St-Jean, 1935, p. 88).— P. anal. [En parlant d'une chose] Le vent (...) ébranle la langueur des anciennes maisons Dont le front se lézarde en rides de vieillesse (RODENBACH, Règne sil., 1891, p. 75).c) Vieillesse de + subst. État de dégradation, de vieillissement affectant plus particulièrement une personne ou une partie du corps. Vieillesse du corps, de la figure. La vieillesse d'une duègne ne rassure pas tant un amant jaloux que la vieillesse du visage de celle qu'il aime (PROUST, Prisonn., 1922, p. 193).2. P. anal.a) État dans lequel se trouve un animal ayant subi les atteintes de l'âge et qui varie en fonction des espèces. Les animaux qui meurent de vieillesse meurent comme ils sont nés, sans s'en apercevoir (BERN. DE ST.-P., Harm. nat., 1814, p. 377). [La lésion du cristallin] frappe seulement le cheval et le chien. Chez celui-ci, elle est le plus souvent due à la vieillesse (GARCIN, Guide vétér., 1944, p. 43).b) Dernière étape de la vie d'une plante, d'un végétal précédant le dessèchement et la mort. Mourir de vieillesse. Presque tous les pommiers tombent de vieillesse (...). Les squelettes d'arbres morts abondent dans ce verger (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 373). Aux fleurs de trois jours, une sorte de vieillesse végétale s'introduisait dans l'arôme (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 61).3. Caractère habituellement prêté aux vieilles personnes (expérience, sagesse, esprit de résignation, mais aussi manque de dynanisme, esprit rétrograde, etc.) et pouvant être aussi le fait d'une personne jeune. Vieillesse de cœur. Ces gens (...) sont des gueux (...) fiers (...) et rusés. Jeunesse de cœur et vieillesse d'esprit, voilà la caractéristique générale (PÉGUY, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 839). C'est encore une phénoménologie implicite qui permet de privilégier à certains égards d'autres âges que la maturité: ainsi les anciens honoraient dans la vieillesse une prudence et un conseil où ils voyaient un bien de l'homme qui ne peut être approché qu'au déclin de la vie (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 404).C. — Empl. sing. coll.1. Ensemble des personnes âgées, les vieilles gens. Respecter, soigner, soulager la vieillesse; hospice pour la vieillesse; médecine de la vieillesse. Ce qui déplaît à mon père, (...), c'est que Valentine se marie (...). La vieillesse est égoïste, monsieur (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 218).— Proverbes et expr.♦ Ce que jeunesse désire, vieillesse l'a en abondance. « Ce que jeunesse désire, vieillesse l'a en abondance. » C'est Gœthe qui cite ce proverbe au commencement de ses mémoires (ALAIN, Propos, 1923, p. 541).♦ Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait.♦ La vieillesse aime le peu, et la jeunesse le trop. Voir vie II A 1 G ex. de Joubert.2. Par personnification. Par ces temps d'examens, vieillesse est assise d'un côté de la table, et jeunesse de l'autre (ALAIN, Propos, 1927, p. 728).II. — [À propos de choses]A. — 1. Âge, ancienneté d'une chose à partir de laquelle elle est considérée comme vieille. Cent ans, c'est la jeunesse d'une église et la vieillesse d'une maison (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 518).2. État de vétusté, de délabrement, mauvais fonctionnement dû à l'ancienneté. Courroie de ventilateur cassée ou détendue. Panne due à l'usure vieillesse ou au mauvais alignement des poulies (CHAPELAIN, Techn. automob., 1956, p. 343).— De vieillesse. Sous l'effet de l'ancienneté et de l'usure. Une serge noire, râpée et lustrée de vieillesse (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 30).3. ŒNOL. Vieillesse d'un vin. Caractère d'un vin qui a subi le processus du vieillissement. C'était un vin du Rhin dont la robe vermeille jaunissait de vieillesse (GAUTIER, Albertus, 1833, p. 168).B. — Caractère de ce qui est vieux, ancien, qui a été créé, qui s'est formé. Vieillesse de la race, des institutions. Mme Caroline était gaie malgré tout avec son visage toujours jeune, sous sa couronne de cheveux blancs, comme si elle se fût rajeunie à chaque avril, dans la vieillesse de la terre (ZOLA, Argent, 1891, p. 428). Rien ne change et la vieillesse du monde grandit sur moi (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 109).— Poét. Quand des prés l'herbe est fanée, Quand les bois n'ont plus d'abris, La vieillesse de l'année Plaît encor dans ses débris (FONTANES, Œuvres, t. 1, Odes et poèmes, 1821, p. 130).C. — [En relation avec vieux] Temps écoulé depuis une date précise. Celle que j'ai reçue [la lettre] ce matin était datée de mardi. C'est deux bons jours de vieillesse qu'elle avait sur le dos (FLAUB., Corresp., 1843, p. 138).Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1145 veillece « âge avancé (de personnes) » (WACE, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 343); b) ca 1160 (Enéas, éd. J. J. Salverda de Grave, 2405: triste viellece); 2. a) ca 1393 en parlant de légumes (Ménagier de Paris, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, p. 201); b) 1547 (J. MARTIN, Archit. Vitruve, 25 v°: quand ilz [l'orme et le fresne] sont dessechez par vieillesse); 3. a) ca 1485 (Mistère Viel Testament, éd. J. de Rothschild, t. 4, p. 335: Jeunesse vieillesse desprise); b) 1579 « l'ensemble des vieilles gens » (H. ESTIENNE, Precellence, éd. E. Huguet, p. 234: Si jeunesse scavoit, si vieillesse pouvoit). Dér. de vieil, v. vieux; suff. -esse. Fréq. abs. littér.:1 856. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 3 717, b) 2 278; XXe s.: a) 2 332, b) 2 097. Bbg. DOMENACH (J.-M.). Vieillesse et vieillissement. Esprit. 1963, t. 31, n° 317, pp. 721-723.vieillesse [vjɛjɛs] n. f.ÉTYM. V. 1400; vieillece, v. 1120; de vieil. → Vieux.❖1 Dernière période de la vie humaine normale, qui succède à la maturité, caractérisée par un affaiblissement global des fonctions physiologiques et des facultés mentales et par des modifications atrophiques des tissus et des organes. ⇒ Âge (troisième, quatrième âge), sénescence; (fam.) vieillerie (4.); géronto-. || La vieillesse, dernier âge, dernière saison, crépuscule, soir, hiver de la vie. ⇒ Déclin (→ Développement, cit. 9). || Atteindre (cit. 41) la vieillesse. ⇒ Longévité. || La vieillesse de qqn. || Dans sa, dans leur vieillesse (→ Attention, cit. 38). || Mourir dans l'extrême vieillesse (→ Détresse, cit. 2). || Attendre la vieillesse et la mort. || Affronter (cit. 3) la vieillesse avec courage. || Temps qui précède la vieillesse (→ Automne de la vie). || Avoir une vieillesse heureuse, sereine. || Traîner une vieillesse douloureuse (cit. 4), insipide (→ Oisiveté, cit. 2). — Bâton de vieillesse : ce qui soutient, aide qqn dans la vieillesse. — Allocations de vieillesse, allouées aux personnes âgées. — Appos. || Assurance vieillesse.1 Je trouve que la vieillesse rend l'amitié bien nécessaire; elle est la consolation de nos misères et l'appui de notre faiblesse (…)Voltaire, Correspondance, 2748, 20 nov. 1765.1.1 Ne connaissant point de médecins, il ne faut pas s'étonner s'ils ignorent aussi les maladies, et s'ils vont jusqu'à une vieillesse si avancée qu'ils (les Lapons) passent ordinairement cent ans, et quelques-uns cent cinquante.J.-F. Regnard, Voyage en Laponie, p. 92.2 Passé une quarantaine d'années, l'organisme humain, dans son ensemble, commence à subir des transformations régressives (…) La vitalité fléchit lentement. Toute la structure, peu à peu, se dégrade. On convient ordinairement de faire partir la vieillesse de cette détérioration apparente; mais quelques biologistes estiment qu'elle débute bien plus tôt, et dès les premiers stades embryonnaires, où déjà se manifeste une diminution du pouvoir de croissance.Jean Rostand, l'Homme, p. 36.♦ Par anal. Existence qui dure depuis longtemps. ⇒ Ancienneté. || « Cent ans, c'est la vieillesse d'une maison » (→ Jeunesse, cit. 12). || La vieillesse du monde (→ Entassement, cit. 1).2 (Fin XIIe; verte vieillesse, 1532, Rabelais). Fait d'être vieux (pour un être humain). ⇒ Âge. || « Ce magistrat, dont la vieillesse vénérable (…) » (→ Imposer, cit. 14). || Vieillesse alerte, vigoureuse, belle vieillesse. || Porter sa verte vieillesse d'un air guilleret (cit. 1). || Respecter la vieillesse de qqn (→ Ses cheveux blancs). — Mourir de vieillesse, par le seul effet du vieillissement de l'organisme.3 On a tort de croire que la vieillesse est une pente de décroissement; c'est le contraire. On monte et avec des enjambées surprenantes. Le travail intellectuel se fait aussi rapide que le travail physique chez l'enfant. On ne s'en rapproche pas moins du terme de la vie, mais comme d'un but et non d'un écueil (…)4 Mais, chose curieuse, lui qui jadis était presque ridicule quand il prenait l'allure d'un roi de théâtre, avait pris un aspect véritablement grand, un peu comme son frère, à qui la vieillesse, en le désencombrant de tout l'accessoire, le faisait ressembler (…) Car il n'avait pas subi la déchéance de son frère, réduit à saluer avec une politesse de malade oublieux ceux qu'il eût jadis dédaignés. Mais il était très vieux, et quand il voulut passer la porte et descendre l'escalier pour sortir, la vieillesse, qui est tout de même l'état le plus misérable pour les hommes et qui les précipite de leur faîte le plus semblablement aux rois des tragédies grecques (…)Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 1018.5 Il est vrai que la vieillesse est un état qui ne permet guère qu'on l'oublie.F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 370.b (Mil. XVIe; en parlant de choses sans vie). Grande ancienneté. ⇒ Ancienneté. || « Cette sombre couleur des siècles qui fait de la vieillesse des monuments l'âge de leur beauté » (→ Rendre, cit. 10). — Géol. || Stade de vieillesse d'un relief.♦ Spécialt. Altération, dégradation physique ou morale qui accompagne cette période de la vie. ⇒ Décrépitude, sénescence, sénilité. || Les infirmités, les maladies de la vieillesse. || Les rides, les cheveux blancs, marques de la vieillesse. || « La vieillesse est le sentiment qu'il est trop tard » (→ Indifférent, cit. 4).3 Rare. Vieillissement. || Les objets vieillissent avec nous d'une vieillesse insensible (→ Rapidité, cit. 4).4 (1636, Corneille). || La vieillesse, considérée comme une puissance active parfois personnifiée. || Le fardeau (cit. 11), le poids de la vieillesse. || « La vieillesse est un tyran » (cit. 6).6 Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !Corneille, le Cid, I, 4.7 (…) la vieillesse nous rend d'abord incapables d'entreprendre, mais non de désirer. Ce n'est que dans une troisième période que ceux qui vivent très vieux ont renoncé au désir, comme ils ont dû abandonner l'action.Proust, la Fugitive, Pl., t. III, p. 635.5 (Mil. XVIe, Ronsard). Collectif. Les personnes âgées, les vieillards (2.). → Amasser, cit. 3; changer, cit. 17; défaillant, cit. 3; naïveté, cit. 7 (→ Troisième, quatrième âge, infra cit. 40). || La vieillesse et l'enfance (cit. 8). — Commission d'étude des problèmes de la vieillesse. || Politique, sociologie de la vieillesse. || Aide à la vieillesse.8 Si la jeunesse est bonne, aussi est la vieillesse.La jeunesse est gaillarde et discourt librement,Vieillesse a la raison, esprit et jugement (…)Ronsard, Élégie au roi Charles IX.♦ ☑ Prov. Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait (cit. 27). ⇒ Jeunesse.❖CONTR. Enfance, jeunesse.
Encyclopédie Universelle. 2012.